Coopération culturelle franco-chinoise
Discours de M. Franck Riester, ministre de la culture, prononcé à l’occasion du forum culture franco-chinois (Nice, 7 octobre 2019)
(Seul le prononce fait foi)
Monsieur le Premier Ministre, Cher Jean-Pierre Raffarin,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Monsieur le sous-Directeur général pour la culture,
Monsieur le co-Président du forum et vice-Président du Comité permanent de l’Assemblée populaire de Chine,
Monsieur le Maire, Cher Christian Estrosi,
Mesdames et Messieurs les Élus,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Avant toute chose, je tiens à remercier très chaleureusement le co-président du forum, le représentant spécial du gouvernement pour la Chine et le maire de Nice pour leur invitation et leur accueil.
Merci pour vos efforts à réunir, à rassembler, à fédérer, les énergies et les bonnes volontés, au service de la coopération culturelle franco-chinoise.
Je tiens à saluer votre inlassable mobilisation pour faire émerger des perspectives de partenariat culturel entre nos deux pays, et favoriser leur réalisation concrète.
Il y a de cela cinquante-cinq ans, les dirigeants de France et de Chine ont décidé d’établir, entre nos deux pays, des relations diplomatiques.
Cette année, nous célébrons cet anniversaire.
Et je suis infiniment heureux d’être à vos côtés pour le faire.
Mais nos civilisations n’ont pas attendu ce tournant pour dialoguer entre elles.
Leurs histoires sont entremêlées depuis longtemps, et la culture tient une place particulière dans cette ardente relation d’amitié.
C’est peut-être cela qu’il nous faut célébrer, plus encore.
Parce que cet intérêt réciproque, cette curiosité mutuelle, cette fascination inépuisable qui nous lie est née bien avant.
Depuis les temps anciens, des échanges incessants se sont fait jour entre nos pays, entre nos peuples, entre nos cultures.
Rappelons-nous que c’est Louis XIV qui inaugura, avant la lettre, une politique culturelle audacieuse à l’égard de la Chine. Alimentée par une réelle curiosité, cette politique a permis de développer une vraie connaissance de la Chine, mais aussi d’entretenir une relation diplomatique inédite et moderne avec l’Empire du Milieu.
Et en Chine, la littérature française trouva, dès la fin du XIXe siècle, de nombreux traducteurs. Lin Shu ouvrit la voie, avec « La Dame aux Camélias » de Dumas. Puis, ce fut le tour de Rousseau, de Hugo, de Daudet.
Car, par-delà les frontières qui nous séparent, nos artistes n’ont jamais cessé de converser, d’apprendre, et de s’enrichir dans l’altérité.
Ils l’ont fait, inlassablement, unis par la force de la création.
De Pierre Loti à Paul Valéry, et de Segalen à Malraux, combien de nos écrivains sont venus en Chine pour y trouver l’inspiration ? De Zao Wou-Ki à Yan Pei-Ming, combien de vos illustres peintres sont venus ici, à Paris, pour se former et pour créer ?
Ce pont que nous avons bâti entre nos deux pays, ce dialogue qui dure depuis des siècles, ces échanges qui nous unissent et nous relient ; nous avons l’obligation de les prolonger aujourd’hui et demain.
C’est l’ambition du président de la République et de tout son gouvernement. Nous avons tant à apprendre, tant à connaître, tant à construire ensemble !
La visite en France du président Xi Jinping a permis d’importantes avancées. Celle du président Macron en Chine le mois prochain en permettra, j’en suis certain, de nouvelles.
De nombreux projets culturels entre la France et la Chine sont en construction.
Patrimoine, architecture, musique, spectacle vivant, arts visuels, livre, cinéma sont autant d’exemple de la diversité et de la créativité de notre partenariat.
Mais ce qui fait la force de notre relation, c’est son ancrage dans la durée, son renouvellement permanent, son perpétuel foisonnement.
Dans le domaine muséal, d’abord. Le président de la République inaugurera en novembre le Centre Pompidou West Bund Museum à Shanghai, sur les rives du fleuve Huangpu.
C’est le signe d’une alliance construite autour de la diversité culturelle et dans la durée.
Le musée Rodin a depuis 2013 développé des liens durables avec la Chine et y est engagé dans plusieurs projets.
Mercredi, dans le cadre de ce Forum, il signera un important accord de mécénat avec Mme Zhang Chengcheng, philanthrope qui soutient les partenariats culturels franco-chinois, en lien avec le Centre d’art Yishu-8 de Pékin, créé par Mme Christine Cayol à deux pas de la Cité interdite.
Je tenais à saluer cette belle initiative. En outre, comme vous le savez, nous travaillons avec nos partenaires chinois à la conception et la construction d’un centre dédié à Rodin, dans la ville de Shenzhen.
D’ambitieuses expositions sont en projet :
Dans la continuité de l’exposition qui s’est tenue à Versailles en 2014, nous travaillons sur l’organisation, à l’occasion des 600 ans de la Cité interdite en 2020, d’une exposition sur la Chine à Versailles. Cette exposition mettra en lumière autour d’un patrimoine français et chinois exceptionnel la fascination qu’exerçait la Chine sur la France depuis très longtemps.
Autre exposition, celle consacrée aux routes de la soie, à l’Institut du Monde Arabe de Paris.
Elle permettra de retracer les grands chapitres historiques qui ont jalonné les échanges culturels le long de la route de la soie, terrestre et maritime, jusqu’au XVIe siècle.
Dans le domaine patrimonial, ensuite. Nous avons développé une coopération remarquable dans la province du Shaanxi, et en particulier sur le site de l’armée de terre cuite de Xi’an.
Les experts français et chinois y travaillent ensemble sur la conservation et la restauration du patrimoine, l’aménagement touristique et l’archéologie.
La réussite de ce projet doit nous permettre de développer encore plus notre coopération pour le patrimoine. À cet égard, je souhaite saluer l’engagement de la Chine dans la préservation du patrimoine en péril autour de l’association ALIPH.
ALIPH est une initiative ambitieuse, unique au monde : protéger notre patrimoine face aux conflits qui font rage ou nous menacent.
Grâce à la Chine, et aux nombreux partenaires réunis autour d’ALIPH, l’association est devenue en très peu de temps un acteur central de la protection du patrimoine dans les zones en conflit. Je les en remercie.
Comment ne pas évoquer également la magnifique collaboration entre la Bibliothèque nationale de France et la Bibliothèque nationale de Chine ?
Elles ambitionnent de créer un portail numérique franco-chinois, qui permettrait de rendre accessible au plus grand nombre les collections sinologiques riches et anciennes de notre bibliothèque nationale.
Dans le domaine musical, La Philharmonie de Paris mettra la Chine à l’honneur dans le cadre de sa saison 2020-2021, et les programmes d’échanges entre les professionnels français et chinois s’intensifient avec l’Orchestre national de France.
Pour ce qui est de l’industrie du livre. Depuis 2013, la Chine est le 1er partenaire à l’international pour les éditeurs français, et le mandarin la première langue de cession de droits pour les ouvrages français.
Nous pouvons aller encore plus loin, je le sais, car l’intérêt est là : les Chinois se passionnent de littérature française.
En matière de photographie, la 4e édition du Jimei x Arles International Photo Festival aura lieu à Xiamen du 22 novembre au 2 janvier 2020.
Et le premier musée chinois consacré à la photographie a été inauguré cette année, à Chengdu.
Je me félicite que sa direction artistique ait été confiée à Jean-Luc Monterosso, ancien directeur de la Maison européenne de la photographie à Paris, et à Wang Qingsong, photographe et commissaire d’exposition reconnu.
Cette co-direction est, encore une fois, la preuve du dialogue fécond entre nos deux pays.
Enfin, je voudrais terminer par quelques mots pour rappeler l’importance de notre partenariat franco-chinois en matière cinématographique.
Ce partenariat doit être ambitieux et doit reposer à mon sens sur trois piliers :
La coproduction.
Un accord a été signé en 2010, il a donné lieu à 12 coproductions. Elles sont d’une grande qualité - je pense au Promeneur d’oiseau de Philippe Muyl, qui a représenté la Chine aux Oscars en 2015, je pense aux deux derniers films de Jia Zhangke, sélectionnés à Cannes.
Mais ces coproductions ne sont pas assez nombreuses, et nous devons nous donner comme objectif d’en faire davantage.
Le deuxième pilier de notre relation doit être l’accès à la diversité du cinéma.
Cela passe par la culture Art et Essai. Je suis très heureux de voir se développer en Chine un réseau de salles Art et Essai : la Nationwide Alliance of Arthouse Cinemas compte à ce jour 3.800 salles, réparties dans près de 250 villes en Chine.
Pour le moment, seule une quinzaine de films étrangers ont été projetés dans ce réseau, dont très peu de films français.
Mais je suis convaincu que ce mouvement va s’épanouir.
Car la diversité culturelle est notre chance.
Troisième axe : les tournages.
J’étais venu ici, à Nice, il y a quelques mois, célébrer le centenaire des studios de la Victorine. J’ai vu tout leur potentiel de développement. Grâce au crédit d’impôt, nous avons réussi à attirer sur notre sol de très grandes productions internationales, notamment chinoises.
Avec 7 projets en 2018, la Chine est l’un des principaux pays de tournage en France, derrière les États-Unis.
Je veux que nous poursuivions dans cette voie.
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Depuis des siècles, la culture est au coeur de nos relations.
Elle continuera à l’être.
Les projets de coopération ne manquent pas, vous le voyez.
Concrétisons-les, ensemble.
Et initions-en d’autres.
Parce que la culture est un lien indéfectible entre nos artistes et nos peuples, qui doit continuer à nous unir et à nous rapprocher./.
(Source : site Internet du ministère de la culture)