(Re)penser l’écologie 5

Comment penser ou repenser l’écologie aujourd’hui ? Alors que l’urgence climatique et environnementale a été déclarée, l’ambassade de France à Pékin et le consulat de France à Shanghai collaborent pour constituer une petite bibliothèque de l’environnement, de la transition écologique et de la biodiversité telle qu’elle est intellectualisée en France. 
Cette série de textes d’intellectuels français seront traduits en chinois et publiés sur nos réseaux avant d’être relayés par notre partenaire média The Paper. La parole est donnée cette semaine à Philippe Bihouix.
Philippe Bihouix a travaillé comme ingénieur-conseil ou dirigeant dans différents secteurs industriels, en particulier les transports et la construction, avant de rejoindre le groupe AREP, agence d’architecture interdisciplinaire et filiale de la SNCF, comme directeur général. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur la question des ressources non renouvelables et des enjeux technologiques associés, en particulier L’âge des low tech. Vers une civilisation techniquement soutenable (Seuil, 2014) dont la version anglaise est parue récemment chez Bristol University Press, et Le bonheur était pour demain. Les rêveries d’un ingénieur solitaire (Seuil, 2019).

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En finir avec le mythe de la technologie salvatrice
Philippe Bihouix

En finir avec le mythe de la technologie salvatrice

L’état préoccupant de la planète et l’urgence d’agir font désormais consensus ou presque. Si, dans les pays à l’industrialisation ancienne, certains paramètres environnementaux, concernant la pollution de l’air ou des eaux de surface par exemple, ont pu s’améliorer, au niveau global la situation ne cesse de se dégrader  : changement climatique, effondrement de la biodiversité, déforestation, tension sur certaines matières premières, accumulation de polluants sous toutes les latitudes, érosion ou dégradation des terres arables…

Le débat entre les pessimistes, qui craignent pour la stabilité des écosystèmes, et les optimistes, tenants d’un business as usual à améliorer à la marge, ne porte donc pas sur la nécessité d’agir, mais sur la gravité du problème, l’intensité et la vitesse avec laquelle il faudrait réagir, la possibilité de modifier modes de production et habitudes de consommation, la manière (régulation, taxes, incitations, soutien public…) et les moyens (financiers, techniques) de mener une nécessaire transition.

Dans ce débat, la question du progrès technologique est particulièrement prégnante. Peut-on en effet compter sur une « sortie par le haut » à base d’innovation technologique, qui nous permettrait de relever les défis auxquels nous sommes confrontés ? Faut-il placer tous nos espoirs dans les effets bénéfiques futurs du numérique, qui permettrait de construire un monde bien plus optimisé et efficace, à base d’énergies renouvelables distribuées par des réseaux « intelligents  » (smart grids), de covoiturage bientôt servi par des véhicules autonomes, de déplacements fluidifiés dans des smart cities…  ?

À l’entendre, l’industrie de la high-tech vacontinuer à «  révolutionner  » notre quotidien, mais surtout s’apprête à sauver le monde, à l’image de milliardaires comme Elon Musk, héros des greentechs, des voitures électriques aux batteries pour panneaux solaires, en attendant Hyperloop et les voyages sur Mars. Ainsi, la plupart des scénarios prospectifs pour le XXIe siècle sont tendanciels, se basant sur une population plus nombreuse, consommant plus d’énergie et se déplaçant (elle-même ou ses marchandises) plus et plus fréquemment. Les solutions techniques y sont présumées disponibles et abordables, sinon à portée de main, que ce soit pour les énergies «  décarbonées  », les solutions de mobilité du futur, ou la capacité des rendements agricoles à toujours s’accroître ou se maintenir. Les plus audacieux, comme Jeremy Rifkin, vont jusqu’à promettre de telles «  ruptures  » technologiques que tout ou presque en deviendrait gratuit ou à «  coût marginal zéro  ».

Pourtant, si le rôle de l’innovation technologique est en effet central et doit être pris en compte, il y a une différence de temporalité entre les problèmes – qui sont déjà bien installés – et la foultitude de solutions techniques proposées – dont certaines ne sont qu’au stade de l’annonce ou du concept (capture et séquestration du CO2, voitures ou avions à hydrogène…). Et, sans remettre en question les moyens considérables de recherche et développement dont nous disposons, on peut se demander si c’est un nouvel âge d’abondance qui se profile, ou si nous n’allons pas, au contraire, vers la pénurie et un monde plus chaotique.

La formidable inventivité humaine

«  On a toujours trouvé  »  : force est de reconnaître que l’humanité a réussi à repousser les limites imposées par la nature ou sa condition physique. Les Hommes du néolithique ne sont pas entrés dans l’âge de bronze par manque de silex. Mais la pénurie a souvent été un aiguillon essentiel, à l’origine d’une grande partie des innovations de la révolution industrielle, car la croissance permanente de la consommation afini par dépasser les capacités de ponction sur les ressources renouvelables. Jusque tard dans le XIXe siècle, il y eut une limite purement «  surfacique  » à la production de produits essentiellement animaux et végétaux  : colorants naturels (garance, pastel, indigo, lichen…), graisses, colles et suif des chandelles (à base de déchets d’animaux et d’os), acides et alcools produits par fermentation (vinaigre), cuirs et fourrures, fibres (laine, lin, coton, chanvre)… Les locomotives et machines à vapeur étaient lubrifiées à l’huile de cachalot, et les égreneuses à coton revêtues de paroi stomacale de morse  !

L’exploitation des forêts comme combustible et bois d’œuvre conduit, à partir du XVIIe siècle, à une crise du bois européenne. La double invention de la pompe à vapeur et de la machine à vapeur au tournant du XVIIIe siècle, permettra l’exhaure des mines souterraines et l’accès aux énormes ressources de charbon, situées sous le niveau des nappes phréatiques des bassins houillers anglais.

Parallèlement, la chimie minérale va répondre aux besoins cruciaux artisanaux et industriels  : acides pour le traitement des métaux, la préparation des teintures, des fibres… et produits alcalins (soude et potasse) pour la fabrication des savons et lessives, du verre, le dégraissage des laines… Au milieu du XVIIIe siècle, le salpêtre des caves humides et la soude des algues et des salicornes ne suffisent plus à répondre à la demande. Les conflits d’usage deviennent intenables jusqu’à ce que soit mis au point, à la fin du siècle, un procédé industriel de production de soude à partir de sel, de craie et de charbon. Quant à la chimie organique, elle doit son développement aux besoins croissants de colorants, et à la découverte du benzène et de ses dérivés – dans les reliquats de distillation du charbon des légendaires «  usines à gaz  » utilisées pour l’éclairage. Enfin, la polymérisation, dans les années 1930, ouvre la voie aux matériaux artificiels (matières plastiques, fibres synthétiques, résines et colles…) issus du pétrole et du gaz, en quantité jusqu’ici inimaginable.

Les revers de la technique

La période charnière mi XVIIIe – fin XIXe siècle a été déterminante, dans le changement d’échelle de la production, les percées technologiques importantes et nombreuses. Le XXe siècle enchaînera, avec les gains de productivité de la mécanisation, de la robotisation puis de l’informatisation, améliorant les techniques permettant l’accès à des ressources abondantes, réduisant considérablement, surtout, le temps de travail humain investi pour la production des produits finis, rendant possible le niveau de consommation actuel.

Globalement (hors l’épineux problème de répartition des richesses), le système technique, enchâssé dans un système social, moral et culturel qu’il modifiait à mesure, a plutôt bien répondu aux «  besoins  ». Mais cela a eu un prix  : celui d’une fuite en avant, d’une accélération permanente entre des risques de pénuries et de nouvelles solutions pour y répondre, créant elles-mêmes nouveaux besoins et de nouveaux risques  ; celui de pollutions, de destructions sociales et environnementales sans précédent.

Bien sûr les pollutions existaient avant la chimie industrielle : la ville moyenâgeuse et artisanale conciliait, avec difficultés, l’utilisation de l’eau pour les besoins domestiques, avec les rejets nauséabonds des tanneurs, des corroyeurs, des blanchisseuses, des savonniers ou des teinturiers, tandis que l’air était souvent vicié par la combustion de bois et de charbon. Mais les rejets des premières usines chimiques allaient changer l’échelle des pollutions.

De plus, les nouveaux matériaux présentaient un grand désavantage par rapport au bois, aux fibres ou au cuir  : non biodégradables, ils allaient générer un problème de déchets sans précédent et une pollution globale – comme les nouveaux «  continents  » océaniques de plastiques… Les techniques agricoles, en passant de solutions traditionnelles (boues urbaines, alternance des cultures…) pour augmenter la productivité des sols, aux nitrates de synthèse (après épuisement du guano chilien au tournant du XXe siècle) ont été diablement efficaces, mais au prix de l’eutrophisation des rivières, de la mort biologique des sols, de l’émission de puissants gaz à effet de serre…

Aujourd’hui, la mondialisation est passée par là, facilitée par l’abondance du pétrole et l’essor du transport conteneurisé. Les coûts de transport faibles ont permis l’éloignement entre nos actes (consommer) et leurs conséquences environnementales et sociales (produire). La production de nos objets manufacturés complexes, comme l’automobile ou l’électronique, dépend de flux imbriqués de milliers de fournisseurs dans des dizaines de pays  ; tandis que les produits plus simples se sont concentrés dans les pays aux coûts salariaux plus bas ou aux normes environnementales plus faibles.

Promesses (non tenues) de la croissance verte

Une croissance de 2% par an implique un doublement tous les 37 ans, une multiplication par 7 tous les siècles, et par… 390 millions tous les millénaires. Sur le long terme, peut-on «  découpler  » à ce point l’économie de la consommation de matières premières et de la production de déchets, de la consommation d’énergie et de l’émission de gaz à effet de serre, grâce aux nouvelles technologies  ? Rien n’est moins sûr.

La promesse de «  dématérialisation  » n’est pas nouvelle – le célèbre architecte Buckminster Fuller prenait, dès la fin des années 1930, l’exemple des ondes radios ayant remplacé les câbles de cuivre du télégraphe, pour expliquer qu’on allait consommer toujours moins de matières pour rendre des services équivalents ou meilleurs. L’argument est toujours repris aujourd’hui  : les fibres optiques transportent bien plus d’information que les câbles de cuivre  ; la miniaturisation des objets électroniques, et leurs fonctionnalités multiples (le smartphone qui fait aussi appareil photo, GPS ou lampe de poche…) réduit le besoin en ressources, etc. Et tout le monde s’accorde pour considérer qu’au fur et à mesure du développement des économies, le poids de l’industrie, consommatrice des matières, se réduit par rapport aux services, à l’immatériel et aux connaissances.

Pourtant à date, on ne «  découple  » pas… au contraire, on intensifie l’extraction de matières premières, celle-ci augmente plus vite que le produit intérieur brut. Notre société n’est pas dématérialisée ou post industrielle  : elle est «  hyper industrielle  », mais cela ne se voit pas, car elle est cloisonnée, segmentée, mondialisée, dépendante de flux invisibles pour la plupart d’entre nous.

Le numérique, typiquement, n’a rien de «  virtuel  ». Il mobilise toute une infrastructure, serveurs, bornes Wifi, antennes-relais, routeurs, câbles terrestres et sous-marins, satellites, centres de données… Il faut d’abord extraire les métaux (argent, lithium, cobalt, étain, indium, tantale, or, palladium… une bonne quarantaine dans un «  simple  » smartphone), avec tout l’impact des activités minières et métallurgiques. Ensuite fabriquer les composants, qui nécessitent l’utilisation de produits chimiques nombreux, fournis par le cœur du capitalisme «  carbonifère  », comme l’appelait Lewis Mumford.

Puis faire fonctionner le tout, avec plus de 10% de l’électricité mondiale, ce qui fait de notre «  système digital  » un plus gros émetteur de gaz à effet de serre que le secteur aérien (même avant la crise sanitaire). Enfin se débarrasser des déchets électroniques, parmi les plus complexes à traiter, ce qui fait qu’in fine, le taux de recyclage d’une vingtaine de métaux (sur les soixante de la table des éléments chimiques de Mendeleïev) est inférieur à 1%, un terrible gâchis pour les générations futures.

Ainsi, il serait périlleux de tout miser sur l’innovation technologique pour au moins trois raisons.

En premier lieu parce que la plupart des technologies font appel à des métaux plus rares et aggravent les difficultés à recycler correctement, soit parce que les usages dissipatifs augmentent (quantités très faibles utilisées dans les nanotechnologies et l’électronique  ; multiplication des objets connectés…), soit parce que la complexité entraîne une dégradation, un downcycling des matières recyclées, du fait des mélanges de matières réalisés (alliages, composites…).

En deuxième lieu parce qu’on raisonne rarement à l’échelle systémique. Il n’y a pas de problèmes de ressources à venir, selon les géologues ou les économistes, car il suffit d’augmenter le prix pour augmenter les réserves disponibles  ; mais il faut plus d’énergie pour extraire des minerais moins riches ou moins accessibles. Il n’y a pas de problème d’énergie, selon les partisans des énergies renouvelables, puisqu’elles sont disponibles en quantités gigantesques. Mais il faut des ressources métalliques pour capter, convertir, stocker, utiliser ces énergies  ; et comme elles sont intermittentes et moins concentrées, il en faut même beaucoup plus pour produire une même quantité d’électricité. Un cercle vicieux potentiellement désagréable pour l’avenir.

De même, on parle de la voiture autonome ou de la smart city comme des solutions qui optimiseront les consommations futures… mais quel système numérique, capteurs, antennes, réseaux, centres de calcul, nécessiteront-elles pour fonctionner, et avec quel impact environnemental  ?

En troisième lieu, parce qu’on néglige l’effet rebond  : les technologies sont toujours plus efficaces, mais on ne sait pas capturer ces gains d’efficacité et la consommation globale augmente. C’est Stanley Jevons, qui, le premier, met en évidence ce phénomène. Dans les années 1860, alors que le Royaume-Uni fournit la moitié du charbon mondial, des premières inquiétudes surgissent sur les risques d’épuisement, à terme, des réserves. Les machines à vapeur sont de plus en plus efficaces, elles consomment toujours moins de charbon pour fournir le même travail. La consommation devrait donc logiquement baisser. Non, répond Jevons, car si chaque machine consomme moins, son travail va coûter moins cher, et les usages vont se multiplier. Chaque machine consommera moins, mais il y aura de plus en plus de machines.

L’avenir lui a évidemment donné raison. Et cet effet rebond «  fonctionne  » dans tous les domaines  : la rénovation thermique dans les bâtiments (on ne gagne pas autant que les calculs des thermiciens, car la température de confort augmente), les lignes de train à grande vitesse, qui ne vident pas les avions mais induisent des nouveaux besoins de déplacement, les économies de kérosène des turbo réacteurs les plus récents, qui ont permis l’essor de l’aviation low-cost… Et le numérique bien sûr  : les gains d’efficacité y sont phénoménaux (il faut toujours moins d’énergie pour transporter ou stocker une unité d’information), mais la quantité de données produite, échangée, stockée, double tous les 18 à 24 mois…

Vers des technologies sobres et résilientes  ?

Il n’y a donc pas de solution «  technique  » permettant de maintenir – et encore moins de faire croître – la consommation globale d’énergie et de ressources. En continuant à alimenter la «  chaudière du progrès  », nous nous heurterons tôt ou tard aux limites planétaires. Et si «  solutions  » il y a, elles devront prendre en compte et réguler les usages et les comportements, ne pas être uniquement techniques, mais sociotechniques.

Il s’agirait, en premier lieu, de réduire les besoins à la source, de travailler sur la baisse de la demande et pas uniquement sur le remplacement de l’offre, ou, en d’autres termes, sur la sobriété avant l’efficacité. Un exercice délicat, face à des «  besoins  » humains nourris par la rivalité mimétique, et une frontière floue entre «  fondamentaux  » et le superflu, qui fait aussi le sel de la vie.

On peut imaginer toute une gamme d’actions possibles, plus ou moins compliquées, plus ou moins acceptables, plus ou moins rapides à mettre en œuvre. Certaines pourraient logiquement faire consensus ou presque, à condition de bien exposer les arguments  ; d’autres seront plus difficiles à faire passer car elles nécessitent un changement, un engagement, des «  efforts  », des adaptations juridiques et réglementaires, voire de véritables évolutions systémiques, sociétales, sociotechniques, culturelles.

Dans le secteur des transports, par exemple, il faudrait amorcer une sortie progressive de la civilisation de la voiture, qui ne peut pas être «  durable  », ni du point de vue énergétique, ni du point de vue des ressources. Le vélo, avec ses mille pièces élémentaires, est un objet bien plus durable, sobre, «  autonome  », simple à réparer qu’une voiture bardée d’électronique et de métaux high-tech nécessaires pour respecter les normes anti-pollution... En attendant, on pourrait déjà, très facilement et rapidement, baisser le poids et brider la puissance des véhicules. Dans le secteur du bâtiment, les besoins de constructions neuves pourraient être réduits en intensifiant l’usage du bâti existant, pour concentrer les moyens techniques et financiers sur la réhabilitation, la rénovation, l’embellissement, plutôt que d’avoir à choisir entre étalement et densification, qui ont chacun leurs inconvénients.

Il faudrait, en second lieu, repenser en profondeur nos objets, afin d’augmenter considérablement leur durée de vie et d’optimiser les taux de recyclage des ressources. La plupart des produits jetables ou des usages dispersifs devraient être bannis, s’ils ne sont pas entièrement à base de ressources renouvelables et non polluantes – ce qui réclamerait de toute manière une drastique réduction des volumes employés.

Les produits durables devraient être conçus simples, robustes et conviviaux (cf. Ivan Illich), réparables et réutilisables, standardisés, modulaires, à base de matériaux simples, faciles à démanteler et n’utilisant qu’avec parcimonie les ressources non renouvelables, donc rares et irremplaçables. Il faudrait également limiter leur contenu électronique, quitte à accepter un «  cahier des charges  » moins exigeant, une moindre performance, de l’intermittence, une perte de rendement, un côté moins «  pratique  » ou un besoin d’entretien accru… mais conservant l’essentiel des fonctionnalités néanmoins.

Il faudra, en troisième lieu, mener une réflexion sur nos modes de production. Doit-on poursuivre la course à la productivité et à l’effet d’échelle dans des giga-usines  ? Il ne s’agit évidemment pas de tout «  démécaniser  » jusqu’au rouet de Ghandi et à la traction animale  ! Mais en réimplantant des ateliers et des entreprises à taille humaine, en s’équipant de quelques machines simples et robustes et en préservant un certain nombre d’acquis – comme la commande numérique – on devrait pouvoir conserver une bonne part de la productivité actuelle tout en baissant le contenu énergétique. Ces unités de fabrication, moins productives mais plus riches en travail et plus proches des bassins de consommation, seraient articulées avec des réseaux de récupération, réparation, revente et partage des objets du quotidien.

Une transition possible  ?

Une mutation aussi profonde nécessiterait un soutien et un accompagnement de la puissance publique à toutes les échelles  ; à travers le levier normatif et réglementaire, y compris jusqu’à l’interdiction des productions les plus polluantes  ; à travers le pouvoir prescriptif, en réorientant les dépenses et les subventions vers le travail humain et l’économie locale ; à travers les choix fiscaux, car les systèmes actuels favorisent la course à la productivité, c’est-à-dire à la consommation d’énergie et de ressources au détriment du travail humain.

Face aux forces en présence et aux tendances de fond, cela paraît bien utopique. Mais peut-être pas plus que le statu quo, un maintien ad vitam aeternam de notre civilisation industrielle sur sa précaire trajectoire de croissance exponentielle. Pourquoi alors ne pas tenter plutôt la voie d’une transition «  post-croissance de plein emploi  », vers un nouveau «  contrat social et environnemental  »  ?

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Dernière modification : 10/08/2021

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