Décès de Sa Majesté Elizabeth II. - Communiqué de l’Elysée [中文]

La reine Elizabeth II vient de s’éteindre. Une ère élisabéthaine s’achève. Le Royaume-Uni porte à jamais le sceau de celle qui l’incarna durant soixante-dix ans avec une force et une autorité morale inaltérables. La France rend hommage à celle qui aura marqué l’Histoire de son pays, de notre continent et de son siècle.

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La petite fille qui eut à affronter, comme tous les Anglais, les bombardements de Londres durant la guerre, fut bientôt aussi la princesse héritière Elizabeth d’York qui, du haut de ses onze ans, assistait grave et impassible au sacre de son père. Elle fut encore le capitaine Elizabeth Windsor, mécanicienne et ambulancière dans l’armée britannique de la Seconde Guerre mondiale. Elle fut épouse et mère. Puis tous ces visages, tous ces noms se fondirent en un seul titre, en un seul profil de médaille frappé sur les timbres, les pièces et les imaginations du monde entier : en ce matin où l’archevêque de Canterbury déposa sur son front la couronne trop tôt quittée par son père, naissait « Sa Majesté Elizabeth II Reine du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du nord et de ses autres royaumes et territoires, chef du Commonwealth, défenseur de la foi. » Ou bien, et ces deux simples mots avaient un pouvoir d’évocation suffisant, « la Reine ».

Dès lors, elle se donna tout entière à son royaume. Rarement des sujets s’identifièrent autant à un souverain, scrutant ses regards et ses mots, ses tenues et ses gestes, qui portaient tout à la fois l’héritage du passé et la confiance en l’avenir. Elle faisait corps avec sa nation : elle incarnait un peuple, un territoire, une volonté commune. Une stabilité aussi : à travers les fluctuations et les remous de la politique, une permanence au parfum d’éternité.

Elle avait en France un statut spécial et, dans le cœur des Français, une place singulière. Nul autre souverain étranger n’avait gravi le perron de l’Élysée plus souvent qu’elle, qui fit à la France l’honneur de six visites d’État, et rencontra chacun de ses présidents. Le français était pour elle, non seulement une ancestrale rémanence normande conservée en maints usages, mais une langue intime et chère. La reine aux seize royaumes aimait la France, qui le lui rendait bien. Le peuple britannique, l’ensemble des pays du Commonwealth ce soir pleurent la reine. Le peuple français aussi porte son deuil.

Celle qui côtoya les géants du XXe siècle sur le chemin de l’histoire s’en est allée les rejoindre. La République et le peuple français adressent à Sa Majesté le Roi, à la famille royale, au gouvernement de Sa Majesté et au peuple britannique le témoignage de son amitié séculaire et de sa tristesse.

Dernière modification : 09/09/2022

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